De plus en plus de personnes souhaitant « aider » les animaux à passer la mauvaise saison, les nourrissent. Si la démarche part d’un bon sentiment, le résultat n’en est pas pour autant entièrement satisfaisant.
Les espèces animales ont mis en place, au cours de l’évolution, des systèmes leur permettant de survivre, notamment dans des conditions climatiques qui nous paraissent très rigoureuses, ceci par l'accumulation de graisses, le gonflement du plumage par exemple chez les oiseaux. D’autres espèces ont "opté" pour une autre stratégie leur permettant d’échapper à la rigueur de l’hiver, ou à l’absence de nourriture, par exemple la migration pour les oiseaux, l’hibernation chez certains mammifères comme le Tamia de Sibérie, le stockage de réserves pour l’Écureuil roux…
La faune sauvage se passe très bien de notre aide. Des hivers particulièrement froids, neigeux, ou l’absence de fruits d’arbres (glands…) au cours de l’automne peuvent être à l’origine d’une forte mortalité hivernale chez certaines espèces. Toutefois, les conséquences de ces mauvaises conditions font partie du cycle de vie des espèces, de leur régulation naturelle. Par ailleurs, les animaux continuent à s’adapter aux conditions qu’ils rencontrent et, au cours du temps, la sélection des individus les plus résistants sera favorable au maintien des espèces sur le long terme.
Le nourrissage est en fait une démarche anthropocentrique ; nous nous faisons plaisir en proposant de la nourriture aux animaux. Pourquoi pas ? Mais, il faut vraiment le considérer comme tel.
Vis-à-vis de l’Écureuil roux, espèce qui comprend assez vite où est son intérêt, l’un des principaux problèmes du nourrissage est son rapprochement des habitations le mettant en danger vis-à-vis de nos animaux familiers (chats et chiens), vis-à-vis des risques de collision sur les routes entourant nos jardins. Cet apport de nourriture (noix, noisettes, voire graines de tournesol) peut toutefois être bénéfique à l’espèce, dont la reproduction dépend de la condition physique des femelles en fin d’hiver. Si l’espèce est rare, le nourrissage pourra la favoriser ponctuellement.
Mais une fois encore, il est préférable de savoir pourquoi les conditions du milieu ne leur sont plus favorables, et d’essayer d’agir en ce sens, plutôt que de les "assister", car si les écureuils sont visibles et aimés de tous, d’autres espèces plus discrètes sont également menacées par la dégradation des habitats. En protégeant les milieux, c’est un ensemble d’espèces que nous protégeons, espèces qui contribuent à la diversité des communautés et ainsi au fonctionnement des écosystèmes.
En conclusion, nourrir les écureuils n’est pas forcément bénéfique au maintien des populations, et ne nous cachons pas derrière cette action pour, par ailleurs, "tolérer" la dégradation de ses habitats.